151 000 personnes ont quitté leur emploi pour créer une entreprise en France en 2023. Dans ce paysage mouvant et parfois incertain, concilier travail salarié, chômage et projet entrepreneurial n’a rien d’une utopie, c’est aujourd’hui une réalité pour des milliers d’actifs.
Le cumul entre activité indépendante et perception de l’allocation chômage n’est pas réservé à une poignée d’initiés. Un salarié licencié, par exemple, peut se lancer dans la micro-entreprise, tout en continuant à toucher l’ARE, à condition de bien respecter les obligations de déclaration mensuelle auprès de France Travail. Même l’ouverture d’une SASU ne fait pas automatiquement disparaître les droits restants : seule la rémunération du président a un impact direct sur le calcul de l’allocation. En clair, le cumul existe, mais il est balisé par des démarches administratives précises.
Comprendre le cumul travail et chômage : un enjeu pour les entrepreneurs et freelances
Le sujet du cumul travail et chômage ne laisse personne indifférent. Pour beaucoup, c’est une porte d’entrée vers l’entrepreneuriat sans prise de risque maximale : conserver ses droits aux allocations chômage (ARE, ARCE) tout en lançant une micro-entreprise, une SASU ou en se testant comme freelance. Mais les règles de France Travail (anciennement Pôle emploi) ne sont pas toujours limpides, et chaque statut a son lot de subtilités.
Illustration concrète : un créateur d’entreprise qui perçoit l’allocation retour à l’emploi peut cumuler une partie de ses allocations avec les revenus générés par sa nouvelle activité. À une condition : déclarer chaque mois, de manière précise, son chiffre d’affaires ou sa rémunération. Le montant de l’allocation dépend alors d’un abattement appliqué selon le statut juridique choisi et la nature exacte des revenus. Sur le papier, ce dispositif vise à encourager la création sans sacrifier la sécurité financière liée à l’assurance chômage.
Le type de structure, auto-entrepreneur, SASU, portage salarial, influe sur la proportion d’ARE maintenue. Par exemple, le micro-entrepreneur déclare son chiffre d’affaires, alors qu’un président de SASU ne déclare que ce qu’il a effectivement perçu comme rémunération. Résultat : les droits à l’assurance chômage sont recalculés chaque mois, ce qui peut prolonger l’indemnisation.
Un conseil : ne négligez jamais les formalités auprès de France Travail. Une déclaration incomplète ou une erreur suffisent à bloquer tout le mécanisme de cumul. Les textes évoluent, les contrôles s’intensifient, et pour qui veut sécuriser sa création d’entreprise tout en gardant une protection grâce aux allocations chômage, la rigueur administrative n’est pas optionnelle.
Quels droits au chômage selon votre statut : auto-entrepreneur, freelance, SAS, SASU
Le choix du statut juridique conditionne directement vos droits aux allocations chômage. Chaque forme d’activité indépendante, chaque régime social, vient avec ses propres règles de calcul et de déclaration à connaître pour éviter les mauvaises surprises.
Pour la micro-entreprise, le maintien de l’ARE dépend du chiffre d’affaires mensuel communiqué à France Travail. Attention : l’administration ne retient pas le chiffre d’affaires brut, mais le montant après abattement (71 %, 50 % ou 34 % selon l’activité concernée). Ce système permet de continuer à percevoir une partie de l’allocation chômage tant que vos revenus ne dépassent pas l’ancien salaire sur lequel vos droits ont été calculés.
Pour la SASU ou la SAS, le schéma change. Ce n’est que la rémunération du président qui entre en ligne de compte pour le calcul de l’ARE. Les dividendes, en revanche, sont exclus et n’affectent pas le montant de l’allocation, sauf si la rémunération atteint un certain seuil. Les travailleurs en portage salarial, quant à eux, bénéficient de règles proches de celles du salariat classique : cumul possible, sous réserve de plafonds et d’une déclaration précise des revenus.
Voici un aperçu des dispositifs disponibles pour soutenir un projet entrepreneurial tout en conservant une sécurité financière :
- ARE : allocation mensuelle, réduite en fonction des revenus issus de l’activité indépendante.
- ARCE : versement, en deux temps, de 45 % des droits restants si vous créez ou reprenez une entreprise.
- ACRE : réduction temporaire des cotisations sociales (pendant un an), compatible avec l’ARE ou l’ARCE.
En clair, le statut choisi, que ce soit la micro-entreprise, la SASU ou le portage salarial, détermine la stratégie de cumul, la durée de vos droits, et la nature exacte des démarches à effectuer auprès de France Travail. Naviguer dans ce dédale administratif, c’est s’assurer une transition plus solide du salariat vers l’entrepreneuriat.
Peut-on vraiment bénéficier des allocations chômage en lançant son activité ?
Associer création d’entreprise et allocations chômage fait rêver, mais la réalité administrative invite à la prudence. Qu’il s’agisse de lancer une micro-entreprise, une SASU ou de choisir le portage salarial, le maintien de l’ARE demeure possible, à condition de respecter la fréquence des déclarations à France Travail, de ne pas dépasser certains plafonds de revenus, et de continuer à prouver sa recherche d’emploi.
Deux options principales structurent ce cumul. Premièrement, le maintien partiel de l’ARE : tant que vos revenus issus de la nouvelle activité restent inférieurs à votre ancien salaire de référence, l’allocation est versée, ajustée chaque mois selon votre chiffre d’affaires ou votre rémunération. Deuxièmement, l’ARCE (aide à la reprise ou à la création d’entreprise) : vous touchez 45 % de vos droits restants, en deux versements, au démarrage de l’activité. Mais attention : choisir l’ARCE, c’est renoncer définitivement à l’ARE, même si le projet ne rapporte rien.
Pour éviter les mauvaises surprises, voici les points de vigilance à retenir :
- Transmettez systématiquement vos revenus d’activité à France Travail chaque mois.
- Respectez les plafonds définis et surveillez le calendrier de vos droits.
- Continuez à documenter vos démarches de recherche d’emploi, même en phase de lancement de l’activité.
Certains statuts imposent une attention accrue. Avec la SASU ou l’EURL, l’ARE disparaît dès lors que la rémunération assimilée à un salaire dépasse la base initiale de calcul des droits. Le portage salarial, plus flexible, reste compatible avec l’allocation retour à l’emploi sous réserve d’un contrat en bonne et due forme.
Démarches et conseils pratiques pour concilier emploi salarié et projet entrepreneurial
Faire coexister une micro-entreprise et un emploi salarié, c’est un équilibre à trouver. Le cumul travail chômage soulève des questions très concrètes : compatibilité du contrat de travail, gestion des horaires, déclaration de chaque euro gagné à France Travail. Beaucoup choisissent le temps partiel pour tester leur projet, mais chaque cas mérite une étude attentive du statut juridique retenu et des clauses du contrat de travail.
Le maintien des allocations ARE suppose une discipline : tous les revenus générés en parallèle sont pris en compte dans le calcul de l’allocation versée. Pour les auto-entrepreneurs, un suivi précis du chiffre d’affaires est indispensable. En cas de doute, il est judicieux de contacter l’URSSAF ou de solliciter un expert-comptable. Les démarches administratives ne pardonnent pas l’approximation.
Du côté de la SASU ou du portage salarial, gardez à l’esprit que l’ARE cesse d’être versée dès que la rémunération excède le salaire journalier de référence. L’intérim, pour sa part, peut offrir une alternative intéressante pour tester une activité tout en préservant ses droits au chômage.
Pour mener à bien ce double parcours, quelques points clés à anticiper : vérifiez la compatibilité de votre contrat de travail avec une activité indépendante, informez l’employeur si une clause d’exclusivité existe, et préparez la transition si une rupture conventionnelle est envisagée. Restez attentif à vos droits restants et à la date de fin de votre indemnisation : chaque mois compte dans la construction de votre projet et dans le calcul du cumul possible entre emploi, chômage et création d’entreprise.
À mesure que les frontières entre salariat, chômage et entrepreneuriat s’estompent, la capacité à jongler avec ces statuts devient une compétence presque aussi précieuse que le savoir-faire métier. Ceux qui savent l’utiliser transforment l’incertitude en tremplin.

